top of page
Photo du rédacteurFlorence Clémente

Simone

Dernière mise à jour : 26 mars 2023


Ma grand-mère est née le 1er juin 1900.

En ce jour d’anniversaire, je rends hommage à cette femme d’exception et d’influence dont l’histoire force le respect.

Elle a fait partie de ses femmes de l’après Première Guerre mondiale, en surnombre et pour qui les jeunes hommes sur le marché du mariage, étaient devenus bien rares. Elle a vécu de longues années dans la crainte de ne pas trouver un époux. Rester célibataire à cette époque relevait d’une anomalie et les préjugés étaient durs envers les « vieilles filles ».


Simone de son prénom n’avait rien d’une « de Beauvoir » ni d’une « Veil », soumise et obéissante à son époux, elle était le modèle idéal de la femme des années quarante quand elle a épousé mon grand-père, et ses trois objectifs étaient le mariage, la maternité et le foyer.


Le seul privilège qu’elle ait eu en tant que femme fut sans doute de ne pas risquer de faire la guerre.


La probabilité pour qu’elle rencontre un agriculteur d’un minuscule village bourguignon était infime au vu de ses origines*, mais elle a su s’adapter et accepter sa condition et surtout à faire en sorte que sa vie soit belle et douce malgré tout.


Émancipation et indépendance ne faisaient pas partie de son chemin de vie, elle fut un modèle de résilience, de bienveillance et de piété.


L’échange que je retranscris ici fait partie des déclencheurs qui m’ont poussé à écrire. Ce dialogue, c’est la graine qui a fait germer l’idée de mon premier roman.


***********************


— J’espère que ce sera un garçon, dit-elle humblement d’une voix à peine audible et les yeux presque rougis d’émotion et d’admiration.

— Un garçon, rétorquais-je, étonnée. Mais pourquoi tu dis ça, mamie ?

—Oh un garçon en premier, c’est toujours mieux, ajouta-t-elle de sa voix un peu chevrotante.

— Mais mamie, une fille, c’est bien aussi, dis-je, déconcertée.

— Oui c’est bien aussi, mais il faut toujours un garçon en premier, c’est ainsi.


Le silence se fit entre nous dans la petite salle à manger surchauffée. J’étais assise toute proche d’elle, quasiment au pied de son grand fauteuil bleu où elle passait désormais tous les après-midis. Après un long moment de silence, ma grand-mère reprit doucement :


— J’étais si fière d’avoir eu deux garçons.


Elle est morte le 8 mars 1994, sept jours avant la naissance de mon premier enfant. Un garçon. Elle aurait été si fière.


À ma très chère grand-mère Simone – 01.06.1900 / 08.03.1994



* [La biographie de ma grand-mère sera le sujet d’un texte, d’un récit plus développé]



1 vue0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page